Le noir. Le vide. Je courrais, infiniment, indéfiniment. Cet immense endroit me tétanisait de peur. Comment en sortir ? Le problème n'était pas l'obscurité, c'était de me voir ici. Pourquoi là ? Pourtant, je ne me rappelais de rien, mis à part que je me suis couchée hier soir comme d'habitude dans l'Antre des Guerriers. La terreur m'envahit, tandis que la douleur me prenait les poumons, la même qu'auparavant. J'avais l'horrible impression de revivre ce moment, détails par détails. L'évènement que j'avais vécu plusieurs saisons plus tôt revenait me hanter.
Lors d'une promenade, j'avais voulu me rafraichir à la Rivière. Mais malheureusement, une amie à moi m'a fait sursauter, et j'ai trébuché. Je suis tombée dans l'eau, sans rien pouvoir faire contre le courant. Celui ci m'a emporté dans les profondeurs tandis que peu à peu, mes poumons se vidaient de leur air. Ma vue s'est brouiller alors que dans un élan de survie, je poussais sur mes pattes arrières pour remonter à la surface. La chatte grise me suivait sur la rive, en courant et hurlant, mais elle ne fit rien.
Elle disparu de mon champ de vision pour sauter sur une branche et me cria d'y planter mes griffes. Mais je compris trop tard de quoi elle me parlait. Étant dos au tronc, celui ci me heurta la tête, et m'assomma. N'ayant plus de forces, je replongeais dans les abysses du torrent, impuissante. Tandis que mes yeux se fermaient et que je toussais sous l'eau les derniers soupirs de mon air vital, j'ouvris les yeux, le coeur battant la chamade, en transpirant à grosse goutte. Plusieurs guerriers levèrent la tête, surpris, avant de se rendormir.
La respiration rapide, je tentais de ralentir les battements de mon coeur. Ce n'était qu'un rêve, me répétais je sans cesse, seulement un mauvais rêve. Mais cette noyade a laquelle j'avais mystérieusement survécue resterait toujours gravée dans ma mémoire, comme un mauvais souvenir. Voyant que le soleil n'était pas encore lever, je décidais d'aller faire un tour pour me changer les idées et qui sait, chasser en route et rentrer avec la Patrouille de Nuit. Je sortis donc de la Tanière à pas de velours. Tout le monde dormait à point fermé, au camp.
Le silence pesait sur la clairière. La lune redescendait déjà dans le ciel, formant une fine griffe dans le ciel d'un noir de jais, tapissé d'étoiles. Je passais sous les ronces protectrice et me mis a courir, à l'inconnu. Les bruits de la forêt étaient au ralenti, mais néanmoins quelques oiseaux sifflaient encore, créant une jolie mélodie. Je trouvais un écureuil grignotant quelques graines sur le sol. Me plaquant au sol, j'avançais dans la position du chasseur, et bondis sur lui, lui brisant la nuque d'un coup de dents maitrisé.
Je n'avais aucune envie de le manger, je l'enterrais donc non loin de là, camouflé sous des feuilles mortes et de la mousse avant de continuer mon chemin. Après plus d'une demi heure de marche, je tombais sur les Collines, et plus loin, le Manoir. Je décidais de m'y rendre. Sans attendre, je me mis à trottiner et une fois arriver devant, je m'arrêtais, méfiante. Le grenier regorgeait de souris, et je ne reviendrais pas la gueule vide au camp dans ce cas. J'y entrais donc, toujours sur mes gardes, au cas où.
Tandis que j'avançais doucement, je sursautais en silence. J'avais entendu un craquement. Je me rassurais en me disant que quelques chouettes ou chauve souris devait trouver refuge ici. Mais tout d'un coup, je vis deux yeux dans la nuit. La peur m'envahit, mais je sus la contrôler. Je calmais mon coeur, et m'immobilisais. Je gardais mes yeux fixés sur l'inconnu, prête a attaquer à tout moments. Je montrais les crocs et feulais quelque peu, pour l'intimider, ou du moins essayer de l'effrayer.