Depuis que Nuage de Lys avait été nommée apprentie, Petite lune s'ennuyait à mourir. Elle passait la majeure partie du temps à compter les cailloux. *Vais-je un jour être nommée apprentie aussi?* Elle tournait en rond sans but. Elle se cachait des fois dans l'antre de Nuit Etoilée, et observait ses allées et venues avec des yeux brillants de respect et d'admiration. Lorsque la guérisseuse énonçait des noms de plantes, comme par exemple "bon alors de l'herbe à chats pour le mal vert", elle s'approchait une fois la chatte sortie timidement de sa réserve et sentait la où l'odeur de Nuit Etoilée était la plus présente. Dans le doute de se tromper, elle essayait de ne pas trop imprégner ces connaissances dans son esprit. Elle avait cette admiration teintée à de l'émerveillement pour la guérisseuse et l'art qu'elle pratiquait. Elle passait beaucoup du temps à sentir ses herbes, à les observer, et s'imaginait Nuit Etoilée s'en servir pour ses patients. Elle sortait ensuite et retournait à ses cailloux.
C'est ce qu'elle faisait à cet instant. Elle comptait les pas avec lassitude, passait et repassait sans cesse. *j'en ai marre* Elle passait cette pensée en boucle. *Marre marre marre marre*. Elle s'imagina un court moment Nuage de Lys, et ressentit sûrement pour la première fois un petit pincement de jalousie. *J'en ai marre*. Elle s'assit enfin et ne bougea plus, la tête entre ses pattes, les yeux larmoyants. Elle tenta de supplier du regard les guerriers qui défilaient, mais sans succès.
Elle se redressa enfin, plus abattue encore qu'avant sa "pause". *Si seulement je pouvais sortir du camp... Si seulement je pouvais aider Nuit Etoilée...* Elle se traîna sans but précis, et grimpa sur le promontoire pour regarder le camp. Elle s'assit et regarda le camp. Elle songea un instant à aller écouter les histoires des anciens, mais elle renonça, et replongea dans sa somnolence qui engourdissait ses membres. Elle songea un court instant qu'elle n'avait peut-être pas le droit de se mettre sur le promontoire. *Flûte. Si quelqu'un me vire, je lui crache dessus.* De mauvais poil, elle remua la queue avec humeur. Finalement, elle finit par descendre et refit une énième fois le tour du camp. Elle respira ensuite profondément et essaya de se reprendre. *Optimiste! Vive la vie, vive l'ennui! En plus ça rime. Le "i" à la fin.* Elle ferma les yeux et se dit: *Aujourd'hui je vois rien.* Elle tenta de se diriger grâce aux odeurs et aux toucher. Elle bouscula brutalement quelqu'un.
-Oh pardon!!
Elle ouvrit les yeux et se releva. La lumière l'éblouit, si bien qu'elle mit un peu de temps avant de distinguer celui ou celle qu'elle avait percuté.
...